Pour la journée internationale des droits des femmes en 2021, la STIB avait décidé de mettre à l’honneur des femmes remarquables. Le temps d’une journée, nous avions féminisé des noms d’arrêts à Bruxelles. Mais comment allons-nous assurer une meilleure représentation des femmes au sein de notre réseau à l’avenir ? On vous explique tout dans cet article.
Au sommaire de cette article :
- Une vraie volonté de féminiser des noms d’arrêts
- Changer des noms d’arrêts à Bruxelles
- 138 noms de femmes à Bruxelles
- Des nouveaux noms de femmes sur notre réseau
- Qu’en est-il des stations bruxelloises ?
Une vraie volonté de féminiser des noms d’arrêts
Chaque fois qu’une opportunité se présente de féminiser les noms d’arrêts à la STIB, comme une nouvelle ligne ou un éventuel changement de nom, nous examinons la possibilité de choisir un nom de femme.
Ce changement est déjà en cours. Par exemple, en 2019, nous avons rebaptisé l’arrêt « Trois Arbres » en « Jeanne Herreman », l’une des premières conductrices de tram à la STIB. Et au début de 2021, nous avons rebaptisé l’arrêt « Forestoise » de la ligne de bus 48 en « Gatti de Gamond », en l’honneur d’une féministe belge, fondatrice d’écoles secondaires pour filles. Mais nous avons également féminisé d’autres noms d’arrêts à Bruxelles l’année dernière :
- Clémence Everard choisi comme terminus de la nouvelle ligne de bus 74. Clémence Everard est la première femme diplômée en médecine, chirurgie et obstétrique en Belgique. Cette même ligne de bus comptera également un arrêt Marie Curie à Anderlecht, près de la place Marie Curie.
- Rosa Parks donnera son nom à l’ancien arrêt Parc situé rue du gentilhomme et desservant les lignes de bus 63, 65 et 66. Rosa Parks est une militante afro-américaine qui s’est battue pour les droits civiques.
- Madeleine sur la nouvelle ligne de bus 52, dont l’arrêt est situé près de la rue et de la chapelle du même nom au centre-ville.
- Audrey Hepburn remplacera l’arrêt Demunter sur les lignes de bus 13 et 88. Audrey Hepburn est une actrice britannique née à Bruxelles. Elle fut également ambassadrice de l’UNICEF.
- Marguerite Duras remplacera l’arrêt Ypres sur la ligne de tram 51. La célèbre écrivaine et romancière auteur de « l’Amant » donne aussi son nom à une place située à proximité de cet arrêt.
- Marie Depage remplacera l’arrêt Stallaert sur la ligne de bus 60. Marie Depage était infirmière. Elle est surtout connue pour avoir soigné des blessés pendant la Première Guerre mondiale. La rue Marie Depage se situe à proximité.
- Marie-Christine remplacera Outre-Ponts sur les lignes de tram 62 et 93. Marie-Christine était archiduchesse de Habsbourg et l’une des sœurs de la Marie-Antoinette. L’arrêt se trouve à proximité de la rue commerçante du même nom à Laeken.
Changer des noms d’arrêts à Bruxelles
Changer des noms d’arrêts à Bruxelles est moins évident qu’on pourrait le croire. Voici quelques explications.
Les arrêts dits « de surface »
La STIB a une autonomie complète pour nommer ses arrêts de bus et de tram. Pour les stations, le choix revient au ou à la ministre bruxellois(e) de la Mobilité. Nous y reviendrons en fin d’article.
Pour comprendre pourquoi il y a un tel déséquilibre entre le nombre d’arrêts avec un nom masculin et le nombre d’arrêts avec un nom féminin, il faut comprendre la logique que la STIB utilise pour définir ses noms d’arrêt.
La logique que la STIB utilise
Celle-ci est simple : lorsqu’on choisit le nom d’un arrêt, le premier (et le plus important) critère à prendre en compte est que le voyageur puisse s’y retrouver facilement. Le nom doit donc, de préférence, évoquer immédiatement le lieu où se trouve le voyageur. La meilleure façon d’y parvenir est de choisir le nom d’une rue avoisinante.
Par exemple, de nombreux arrêts portent le nom de fleurs parce qu’ils sont situés dans une rue portant un nom de fleur. Un exemple est l’arrêt Azalées, nommé d’après le rond-point des azalées situé à proximité. D’autres possibilités sont les noms de place, de station de métro ou de train proches de cet arrêt. Ou encore un monument ou un lieu public.
Un exemple : l’arrêt Chien Vert
Un exemple parmi tant d’autres, c’est l’arrêt « Chien Vert » sur la ligne du 39-44 qui a été nommé comme cela pour faire référence à une statue de bronze. La statue représente un chien vert, qui se situe au Parc du Cinquantenaire. Cet arrêt porte aussi le nom d’une auberge sur l’avenue de Tervueren (nous vous en parlions lors d’une de nos vidéos « Découverte de lignes »). Ou encore Arts-Loi qui se situe près de la rue de la Loi. Vous avez saisi l’idée.
La situation géographique des arrêts
La situation géographique est donc de loin le critère le plus important. Et si ce n’était pas le cas ? Il faudrait alors publier tout un manuel sur notre réseau pour expliquer que – à titre d’exemple fictif – l’arrêt Marie Curie est situé rue Antoine Dansaert. Ce ne serait pas très pratique !
Ainsi beaucoup de nos noms d’arrêts sont neutres mais beaucoup aussi portent des noms masculins car peu de rues à Bruxelles portent des noms de femmes.
Un petit bout d’Histoire
A l’époque où ces noms ont été choisis, les rapports hommes/femmes était très différents. Le rôle joué par les femmes au sein de la société n’avait que peu de reconnaissance, contrairement à aujourd’hui. C’étaient les hommes qui prenaient les décisions et évidemment ils choisissaient… des noms d’hommes ! De ce fait, il est « historiquement » établi qu’il y a 14 fois plus de noms de rue masculins que des noms de rue féminins à Bruxelles.
La première solution et la plus logique serait donc de d’abord changer les noms des rues et des places, après quoi la STIB pourrait changer le nom de ses arrêts. Les communes bruxelloises et la Région ont bien l’intention de modifier cela, mais il s’agit d’un projet à long terme. Changer le nom d’une rue a beaucoup de conséquences, entre autres pour les habitants qui doivent alors changer d’adresse et en informer les différentes autorités et institutions. Cela peut représenter des dizaines d’actes administratifs.
138 noms de femmes à Bruxelles
Maintenant que vous en savez plus sur le comment et le pourquoi, venons-en aux actions concrètes. Afin d’examiner les possibilités de féminiser ses noms d’arrêts, la STIB a mené une analyse approfondie. Sur base des données du site Equalstreetnames.brussels, nous avons répertorié 138 noms de rue faisant référence à une figure féminine à Bruxelles.
Sur ces 138 noms :
- 28 sont déjà utilisés sur notre réseau
- 14 constituent des doublons avec des arrêts existants (ex : Marie-José à Ixelles, et Marie-José à Woluwé-Saint-Lambert)
- 68 peuvent prêter à confusion (ex : place Marie Janson à Saint Gilles et l’arrêt de tram Janson aussi à Saint Gilles)
Il nous reste donc 28 noms de rues susceptibles d’être utilisés pour nommer ou renommer des arrêts qui se situeraient à proximité, en respectant la logique topographique que nous venons de vous expliquer.
Des nouveaux noms de femmes sur notre réseau
En 2021, comme mentionné ci-dessus, nous avons introduit 7 nouveaux noms de femmes sur notre réseau et nous poursuivrons cette initiative en 2022 et 2023. Ce sont 17 arrêts de surface supplémentaires qui porteront des noms de femmes célèbres.
Les changements prévus en 2022:
- Dieudonné Lefèvre devient Andrée De Jongh (bus 88), résistante belge née à Schaerbeek, fondatrice du réseau Comète, filière d’évasion pour les aviateurs alliés.
- Loyauté devient Amélie Gomand (bus 53), Jettoise, mère d’Edmond Tircher qui fut bourgmestre de Jette de 1904 à 1909.
- Reniers devient Fernande Volral (bus 13, 83), résistante belge de la 2e guerre mondiale. Dénoncée, condamnée à mort et exécutée en août 1944.
- Livingstone devient Marie-Louise (bus 59, 64), première reine des Belges, épouse de Léopold Ier.
Les changements prévus en 2023 :
- Invalides devient Ginette Javaux (bus 72), peintre expressionniste belge.
- Ring 0 devient Henriette Lauwers, fondatrice de la Congrégation des Sœurs de Notre-Dame des Sept Douleurs, dont le couvent était bâti sur le périmètre où la nouvelle rue a été établie.
Et en 2024 :
- Pasteur devient Jacqueline Harpman (bus 43), écrivaine belge.
- Un arrêt sur la nouvelle ligne de tram 10 vers Neder-Over-Heembeek (NOH) dont le nom est encore à confirmer
Enfin, deux autres nouveaux arrêts seront renommés dans le cadre de la dernière phase du Plan Directeur Bus (pas avant 2025) :
- Akarova (nouvel arrêt du prolongement bus 42 vers Boitsfort) est une danseuse, chorégraphe, sculptrice et artiste peintre belge, née à Saint-Josse-ten-Noode.
- Juliette Wytsman (nouvel arrêt du prolongement bus 72) est une artiste peintre impressionniste belge.
Qu’en est-il des stations bruxelloises ?
La situation est différente pour les stations de métro. Ici, c’est le/la ministre bruxellois(e) de la Mobilité qui a le dernier mot, en concertation avec la STIB. Là aussi, il y a une volonté de féminisation.
Malheureusement, il est très compliqué de changer le nom d’une station existante. D’une part cela nécessite de nombreuses modifications, non seulement au niveau des plans du réseau mais aussi des véhicules, des stations et des afficheurs de temps d’attente. De plus, les stations constituent des points de repères importants dans la ville. Ces repères s’étendent à tous les quartiers environnants et ne concernent pas que les usagers du métro. Quel que soit le moyen de transport, on a l’habitude de dire que l’on se rend à Delta, Yser ou Merode. À propos de Merode, saviez-vous que ce nom fait en réalité référence à une femme ? C’est la Princesse Jean de Merode, fondatrice de l’œuvre nationale des invalides de guerre et dont un petit square situé près de la station porte également le nom.
Dans le cadre de la mise en service de la ligne de métro 3, une réflexion est en cours par rapport aux noms des nouvelles stations, mais aussi de celles qui seront rénovées comme la station Lemonnier.
Vous voulez en savoir plus ?
N’hésitez pas à lire notre billet de blog « Le réseau de la STIB au féminin » que nous avons écrit en 2020 à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Vous pourriez aussi lire l’article que nous avions écrit en 2021 à cette même occasion.